Besoin de vous cultiver en vous amusant, avec un vent de fraîcheur et un rayon de soleil ? Alors, OuPaSav est sûrement fait pour vous !
Ce jeu vidéo gratuit, ludique et instructif vous fait découvrir les Antilles via 400 questions originales. Classées en quatre catégories (faune et flore, musique et littérature, histoire et géographie, créole et vie courante) et deux niveaux de difficulté, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges ! Un moyen simple et efficace de s’intéresser à d’autres cultures. Créé par Julien Jean-Alexis, OuPaSav est aussi le fruit d’un long travail. Pour en savoir plus, découvrez notre interview.
Aurélie Knosp : Bonjour Julien. Qu’est-ce qui t’a amené dans le beau (mais parfois cruel) monde du jeu vidéo ?
Julien Jean-Alexis : Bonjour ! Et bien en 2014, j’étais musicien professionnel depuis plusieurs années. Mais des problèmes de santé me posaient régulièrement des problèmes pour pratiquer l’instrument, et j’ai donc fini par prendre un peu de distance. Ayant un peu plus de temps libre, j’ai décidé de monter une autre activité en parallèle à la musique.
Ayant un diplôme d’ingénieur et ayant déjà travaillé plusieurs années dans le milieu IT (Technologies de l’Information), je me suis naturellement dirigé vers ce milieu, mais à des conditions bien précises : faire quelque chose que j’aime. Ca a d’ailleurs toujours été la règle qui a dirigé ma vie professionnelle. Et ce dont j’avais envie à ce moment-là, c’était faire des jeux video !
Le hasard a fait qu’au même moment, je comptais parmi mes élèves guitaristes Hélène, la directrice de Capital Games, et sa rencontre n’a fait que conforter mon choix.
Aurélie : Quel est ton rôle sur OuPaSav ?
Julien : Sur OuPaSav, je suis en charge de la gestion de projet, du game design, de la direction artistique, de la rédaction des questions, de la communication, des RP, etc.. Bref à peu près tout sauf le dessin !
Quelle est l’idée d’origine ? Le résultat correspond-t’il à tes attentes ?
Depuis le début d’Agooloo Studios, nous avions l’intention de créer des produits mettant en avant les cultures afro-caribéennes. Et ça a toujours été une volonté de commencer par un quizz. C’est le gameplay le plus connu, le plus intuitif pour tout un chacun (gamer ou non), mais aussi le plus transparent. En effet, dans un quizz, le plus important, ce sont les questions, donc le fond. Ca semblait donc logique de commencer par un quizz pour que ce soit le fond qui soit mis en avant, et non pas des mécaniques complexes de gameplay qui auraient éclipsé la caractéristique principale de ce projet : la culture afro-antillaise qui est évoquée pour la première fois dans un vrai jeu vidéo mobile.
Quelles autres personnes, sur quels postes et pendant combien de temps ont travaillé sur ce jeu ?
Notre illustrateur, Euthmane, a travaillé sur le GUI (Graphical User Interface). Et nous avons fait appel à Andrew pour le dessin des personnages. À présent, plusieurs personnes nous rejoignent, comme Sadia qui s’occupe de la rédaction des nouvelles questions.
Comment s’est passée la collaboration avec Frantz Laurac, compositeur du jeu ?
Alors d’une part, Frantz est mon cousin. Et d’autre part, j’ai moi-même joué sur son album. Donc ça n’a pas été très difficile de rentrer en contact avec lui et de lui dire qu’un des morceaux de son album collerait parfaitement avec le jeu ;-).
Tu es toi-même musicien, as-tu participé à cette composition ou celle d’autres jeux ?
Lorsque j’ai créé Agooloo Studios, je pensais que je réaliserais moi-même les musiques de nos jeux, mais j’ai rapidement oublié cette idée quand j’ai constaté qu’il me manquait déjà 10 heures par jour pour parvenir à faire tout ce que je devais faire ;).
Oupasav n’est pas ton premier jeu. Tu as déjà fait le buzz avec un autre titre, Scooter of love . Peux-tu nous en dire plus sur ce jeu et son succès ?
Scooter of Love était un petit projet destiné à tester la collaboration avec Euthmane, mon associé, que je venais de rencontrer à l’époque. C’était aussi une façon de tester le marché et de prendre un peu d’expérience. Le jeu a fait ce qu’on attendait de lui : faire parler de nous (grâce à toutes les couvertures télé et papier), et permettre aux gens du milieu du jeu vidéo de nous connaître très rapidement.
On te surnomme souvent “l’antillais du jeu vidéo”, tu en penses quoi ? Quelles en sont les répercussions ?
Haha, alors je n’étais pas au courant de ce surnom, c’est toi qui me l’apprend ! Je n’en pense pas grand-chose, ça ne me dérange pas.
Aussi, à ta connaissance, existe-t’il des studios de jeux vidéo aux Antilles ? Si oui, lesquels ?
À ma connaissance non. En revanche, il existe l’école Parallel 14 en Martinique qui forme des infographistes au métier du Jeu Vidéo entre autres.
D’ailleurs de la même façon qu’on parle d’une minorité féminine (que ce soit du côté des personnages ou des développeurs), ressens-tu une sorte de frustration à voir si peu de cultures différentes dans le jeu vidéo ?
Oui bien sûr, c’est pour ça qu’on est là : pour changer les choses. Les personnages principaux des jeux video sont en effet en grande majorité des mâles blancs et la culture représentée est très souvent la même.
Je pense qu’il est important que les cultures afros existent et soient visibles dans le monde digital, ce qui est très peu le cas actuellement et qui créé un problème d’identification pour ces personnes. Il est fondamental de pouvoir se reconnaitre dans des produits digitaux, de se sentir représenté dans le monde numérique.
De nos jours, nous vivons tous avec un pied dans le monde réel et un pied dans le monde virtuel. Le monde virtuel, c’est internet, les réseaux sociaux, les applications mobiles, etc., c’est le monde numérique dans lequel nous passons de plus en plus de temps à travers nos téléphones, nos tablettes et nos ordinateurs. Et ce monde virtuel est censé être un miroir du monde réel. Alors oui c’est un miroir mais complètement déformé de la réalité, entre autres sur ces questions de représentation culturelle et ethnique.
Il est par ailleurs totalement ubuesque de dire que les joueurs ne s’identifieront pas à un héros non-blanc ou non-masculin, puisque c’est ce que font tous les joueurs non-blancs et non-masculins depuis l’invention du jeu vidéo, du cinéma et de la télé.
Au fait, quel est ton personnage le plus marquant dans le jeu vidéo ?
Je ne vais pas être original ce coup-là et je dirais Mario et toute sa bande. J’ai toujours été un fan de Nintendo :).
Pour en revenir à OuPaSav, quelles sont tes sources d’inspiration ?
Tout ce qui concerne les Antilles françaises : l’histoire, la géo, la faune, la flore, la musique, la littérature, la langue, la vie courante, etc. Les questions sont d’ailleurs classées par catégorie dans le jeu.
Le jeu comporte 400 questions sur les Antilles (avec le soin de parler de la Guadeloupe et de la Martinique). As-tu été le seul à les rédiger ? As-tu aussi ouvert des livres, regardé des documentaires ? Si oui lesquels ?
C’est moi qui ai en effet rédigé les 400 questions initiales seul, mais avec des livres bien sûr. Les livres sont indispensables pour ce type de produit. Ils te permettent d’avoir des sources et donc de ne pas porter la responsabilité du contenu des questions. Surtout sur les questions délicates comme celles d’histoire.
Peux-tu nous conseiller deux ou trois livres (parmi ceux que tu as utilisé) sur l’histoire et la culture des Antilles ?
Proverbes créoles – Pierre Pinalie
Le guide de la phytothérapie créole – Jean-Louis Longuefosse
L’Ecrivain Antillais au miroir de sa littérature – Lydie Moudileno
Imagines-tu une suite à Oupasav ? Si oui, sous quelle(s) forme(s) ?
Oui carrément ! Nous allons sortir le mois prochain une version multijoueur, avec des nouvelles catégories de questions, et plein d’autres nouveautés. De plus de nombreuses personnes nous ont demandé d’avoir des explications liées aux réponses. Plutôt que d’intégrer ces explications dans le jeu, nous sortons ces jours-ci une collection de livres qui seront complémentaires au jeu en allant bien plus loin dans les explications liées à chaque question.
Comment as-tu financé le développement du jeu ? Avez-vous reçu des aides ?
Le jeu a été réalisé en financement propre. Aucune aide.
D’ailleurs le jeu est 100% gratuit, et la pub n’intervient que ponctuellement et par choix du joueur. Chapeau ! Mais est-ce un modèle économique qui a déjà fonctionné et qui fonctionne pour ton jeu ?
Ca marche un peu, mais ce modèle économique était juste temporaire. Maintenant que nous avons beaucoup de retours de la communauté de joueurs, nous pouvons proposer un modèle plus abouti. Il sera aussi présent dans la prochaine version.
Par ailleurs, où en est le développement de ton jeu de foot, Soccer Dash ?
Soccer Dash progresse. Nous sommes dans une phase de création de contenu surtout. Donc principalement création de nouveaux décors, de bonus en tous genres, etc.
Au fait, où devons-nous suivre l’activité d’Agooloo (que ce soit IRL dans des salons ou sur la toile) ?
Voici nos principaux liens :
– Web
– Facebook
– Twitter : @AgoolooStudios
– Facebook d’OuPaSav
Sur l’ensemble de tes créations, de quoi es-tu le plus fier, as-tu des regrets ?
Le temps du bilan n’est pas encore venu, car OuPaSav est finalement notre premier vrai projet. Tous les jeux que nous avions réalisé jusqu’à présent étaient des prestations pour des clients, donc pas des jeux que nous portons et représentons.
Après quelques années dans le jeu vidéo… Un conseil à donner pour celui ou celle qui désire se lancer dans le développement de jeux indépendants ?
Alors moi je suis assez neuf dans le milieu, ça ne fait pas encore 3 ans :). Si je devais donner un conseil ? Ce n’est pas parce qu’on fait du jeu vidéo qu’il faut faire ça à la cool, sans gestion de projet, sans encadrement sérieux, sans organisation précise, sans une bonne communication interne, sans vision, etc.
Fabriquer des jeux, c’est un métier, très sympa certes, mais qui demande du professionnalisme.
Enfin un dernier mot pour les joueurs et joueuses. Ce que tu veux ;).
Vous avez des compétences en écriture, en communication, en graphisme, en code, etc.? Vous avez réalisé un jeu que vous voulez éditer ? N’hésitez pas à nous contacter pour discuter et voir comment nous pouvons travailler ensemble ! 🙂
Commentaires