Née en 2006, la série Yakuza est parvenue à s’installer durablement dans le cœur des gamers. S’appuyant sur l’embryon de Shenmue, elle s’est imposée grâce à un ton mature, des personnages charismatiques et une approche cinématographique particulièrement réussie. Avec cet épisode estampillé Zero, SEGA ouvre la voie aux origines de la licence et nous plonge dans un Japon des années 80 plus séduisant et grandiloquent que jamais. Bien que les situations soient parfois exagérées et que le luxe et les paillettes tiennent plus d’une approche fantasmée, il faut bien reconnaître que le jeu ne laisse pas de marbre. À l’image des épisodes canoniques de la série, ce volet a une patte unique. En terme d’ambiance, de dialogues, de liberté, il est l’un des derniers représentants d’un SEGA qui se cherche et son arrivée, en plein début d’année 2017, est une sacrée bouffée d’air frais. Ces dernières semaines, nous avons été abreuvés de titres fantastiques mais aucun ne ressemble de près ou de loin à ce Yakuza Zero. Unique et déconcertant.
Alors que les derniers épisodes se focalisaient sur une période plus proche de nous, Yakuza Zero opte pour l’insouciance des années 80. C’est précisément en 1988, en plein cœur de Tokyo, que débute notre histoire. À cette époque, l’archipel est en pleine bulle économique et de nombreux secteurs sont en pleine croissance. Les grands groupes nippons sont intouchables et attirent les spéculateurs de tous bords. C’est le temps du luxe, des strass et des paillettes, avec tout ce que l’attirance de l’argent peut comporter comme dérives. C’est justement dans cette période que cet opus prend place. Lors des premiers chapitres, on y suit ce bon vieux Kazuma Kiryû, qui n’est alors qu’un jeune Yakuza. Bien que très puissant (la première séquence en dit long sur la force herculéenne du héros), il ne maîtrise pas tout et se retrouve mêlé à une sordide histoire de meurtre, causant de sacrés remous au sein de son clan. Les Yakuza répondent à des règles strictes et malheur à celui qui ose enfreindre les principes de ses pairs. Afin d’éviter le déshonneur et les complications pour son clan, il va alors défier l’autorité et partir à la recherche du véritable assassin de l’homme retrouvé avec une balle dans la tête. Exploration, baston, mini-jeux, bars à hôtesse, magasins, restaurants… et beaucoup de blabla, voilà les poncifs de la série que l’on retrouve ici.
Une intrigue double
C’est ainsi que l’on suit les pérégrinations de notre gaillard au cœur de Tokyo, avec tout ce que cela comporte comme rencontres avec des PNJ, bastons de rue… et séquences mémorables, façon les 70 keums de Shenmue à dégommer. Après quelques heures, lors du troisième chapitre, le scénario zappe Tokyo et s’envole pour Osaka. Désormais, c’est une autre connaissance qui fait son apparition en la personne de Majima Goro. Toujours très sûr de lui, et un peu barré aussi, ce protagoniste est responsable d’un cabaret et va se retrouver mêlé, au même titre que Kazuma Kiryû, à une sombre affaire. Le joueur va ainsi passer de l’un à l’autre des héros en découvrant, petit à petit, les liens qui unissent les deux Yakuza. Cette intrigue, en duo, permet ainsi d’être tenu en éveil sans avoir l’impression de revisiter ad vitam aeternam les mêmes environnements. À l’image de Shenmue, le joueur va pouvoir dévier à tout moment de sa quête principale pour s’adonner aux plaisirs des deux métropoles. Pêche, karaoké, courses de voitures télécommandées, bon temps dans les bars à midinettes, il y a de quoi faire ! À cela s’ajoutent des quêtes annexes souvent drôles et décalées. Yakuza Zero, ça ne fait pas de doute, est un jeu très riche et qui parvient à tenir en haleine grâce à une ambiance rondement menée et pleinement inspirée des meilleurs films du genre.
En mode recyclage ?
S’il est indéniable que le recyclage est présent (il suffit de voir les animations des combats qui sont un mix de Shenmue et de titres comme Last Bronx ou Fighting Vipers), l’immersion est tout de même réussie. On s’amuse véritablement à déambuler dans ces rues illuminées où mille et un badauds vaquent à leurs occupations. L’ambiance, forcément très nippone, est dépaysante et c’est toujours un régal (même si tout le monde n’aimera pas) de s’évader le temps de quelques heures. Maintenant, il faut bien se rendre compte que le moteur technique est vieillissant et qu’il s’agit plus d’un boost léger d’un jeu PS3. En dépit des modélisations faciales fabuleuses, on a aussi droit à ce bon vieux clipping et à des ralentissements un peu étranges (genre, dans le cabaret de Majima, lorsque celui-ci fait face à un client un peu trop entreprenant). On regrette aussi que les dialogues (tous ne peuvent pas être zappés) sont absolument… interminables. Que le scénario soit prenant, c’est très bien. Mais il aurait fallu que les développeurs ne s’encombrent pas de dialogues omniprésents, surtout dans le cas d’une non-traduction française comme c’est le cas pour notre version. De même, les combats aléatoires (même si on peut échapper aux types, on se fait souvent rattraper) sont vraiment envahissants par moments. Mais dans l’ensemble, cela reste un Yakuza de très haute volée, avec des affrontements revus et réussis (on peut changer de style instantanément grâce à la croix directionnelle). À ce niveau, ce n’est pas du punch, c’est une explosion de dynamisme tant les coups sont violents. Enfin, impossible de ne pas glisser un mot sur les deux activités « personnelles » de nos compères. Là où Kazuma doit gérer un portefeuille immobilier (en gros, faire fructifier ses affaires), Majima, lui, prend la tête d’un établissement de charme. Il va donc falloir trouver les femmes les plus rafraîchissantes, belles, pétillantes pour attirer la clientèle. Pas de doute, on est bien en présence d’une pure production nippone.
Conclusion du rédacteur : TRÈS BON
Yakuza Zero, à l’instar de ses grands frères, est un jeu unique. Si vous parvenez à plonger dans cette ambiance japonaise de la fin des années 80, avec ses histoires de yakuzas, vous allez oublier tous les défauts du titre. Les deux personnages sont incroyablement charismatiques et on prend un vrai plaisir à découvrir la croisée de leurs destins. Violent, drôle, parodique mais aussi réaliste, Yakuza Zero n’a pas d’équivalent – malgré son retard par rapport à son homologue japonais – en ce moment et il fait un bien fou ! Ces Japonais sont frappés mais c’est bien pour ça qu’on les adore.
Points positifs :
La croisée des deux histoires
Mise en scène géniale
Combats réussis et ultra dynamiques
Les multiples activités annexes
La modélisation faciale, bluffante
Les quêtes annexes décalées
Points négatifs :
Un jeu PS3 remis au goût du jour
Combats aléatoires trop fréquents
Les cut-scenes qu’on ne peut pas zapper
Dialogues interminables
Éditeur : SEGA – Développeur : SEGA – Genre : Action/Aventure – Sortie : 24 janvier 2017 – Plateformes : PS4
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