Battlefleet Gothic Armada – Albator 40 000 !
Ghislain Masson
Respect de l'univers
Profondeur stratégique
Réalisation soignée
Un peu hermétique
Campagne Imperium uniquement
Dur dur d'être amiral !
La blague est facile, mais depuis quelques années, Games Workshop, la société à l’origine des univers Warhammer et Warhammer 40 000 a du plomb dans l’aile. Les figurines se vendent un peu moins bien, et les anglais ont plus ou moins été forcés à chercher à se relancer, notamment par le biais du jeu vidéo. C’est ainsi que les jeux estampillés Warhammer fleurissent en ce moment, quitte à aller chercher au fin fond des catalogues de vieux titres de l’éditeur. Après l’obscur (mais culte) Mordeinheim, c’est au tour de la licence Battlefleet Gothic d’avoir les honneurs d’une adaptation.
À l’origine, Battlefleet Gothic est un jeu de figurines qui simule les batailles spatiales dans l’univers de Warhammer 40 000. Nous sommes donc au 41e millénaire, et l’Imperium humain est confronté à différentes menaces comme des races aliens hostiles (les Xénos) mais aussi au Chaos (démons et autres space marines corrompus), émanation et source de la magie la plus obscure. L’Imperium dispose d’une énorme flotte dispersée aux quatre coins de l’univers, notamment dans le secteur Gothic, une région reculée qui est au centre des convoitises d’à peu près toutes les factions.
Cette adaptation reprend le principe de base du jeu de plateau en restant fidèle à son univers, mais en adoptant ses propres règles. Il s’agit toujours de faire s’affronter des flottes, mais cette fois les combats se font en temps réel (comme dans un RTS), avec quelques aspects très originaux. Le premier, c’est que vous n’avez qu’une poignée de vaisseaux sous votre commandement, le plus souvent une demi-douzaine. Votre déploiement dépend d’un nombre de points à dépenser, les plus gros astronefs coûtant bien plus de points que les croiseurs d’escorte.
Ensuite, chaque vaisseau a ses particularités, dépendant de sa nature, des équipements à bord mais aussi de son équipage. En plus de conférer des statistiques différentes, ces paramètres vont également donner la possibilité de déclencher des capacités dotées de temps de rechargement. Elles sont essentielles à la victoire : certaines gonflent vos boucliers, d’autres permettent de se téléporter, de détecter l’ennemi de loin ou de mieux affaiblir ses défenses.
Enfin, le positionnement fait tout. Chaque arme a un angle de tir différent. Si certaines sont plus efficaces quand la proue de votre vaisseau fait face à l’ennemi, d’autres sont latérales ou demandent d’anticiper la trajectoire de l’adversaire avec quelques secondes d’avance. Du coup, impossible de sélectionner toutes ses unités et de les envoyer bêtement sur les navires adverses. Il faut tourner, couper les trajectoires, virer au dernier moment. De plus, il est possible de viser des parties spécifiques d’un navire adverses : moteurs pour l’empêcher d’avancer, générateurs de boucliers, armes etc. Chaque vaisseau dispose de boosters pour accomplir les manœuvres plus ou moins rapidement. Savoir les utiliser est la grande différence entre un grand amiral de combat ou un capitaine de pédalo spatial.
Les batailles spatiales sont donc avant tout une affaire de micro-management, où il faut tirer partie au maximum des capacités de ses navires. Le timing est également déterminant, un quart de seconde pouvant faire toute la différence entre un tir au but et une torpille qui part mollement s’écraser dans l’immensité du vide spatial.
C’est la Waaarg !
Les missions proposées ne se limitent pas à de simples batailles rangées. Si parfois il suffit d’éliminer la flotte adverse, d’autres fois, il faudra l’empêcher de s’enfuir, défendre une position ou percer un blocus. Impossible d’adopter toujours la même stratégie, où simplement la même composition de flotte. Un énorme vaisseau capable d’absorber des tonnes de dommages sera sans doute très performant pour défendre une position, mais vous aurez l’air bien malin quand il se fera lourdement distancer lors d’une mission où la vitesse passe avant la résistance.
Pour ne rien arranger, chaque faction a ses spécificités et son style de combat. Par exemple, les Eldars sont presque insaisissables mais fragiles. Les Orcs sont résistants et n’hésitent pas éperonner vos navires, etc. Ajoutons qu’il est possible d’envoyer des commandos d’abordage, que les équipages peuvent se mutiner contre un capitaine trop incompétent et donc chaque bataille est vraiment différente. Heureusement, vous disposez de la possibilité de mettre le jeu en pause pour optimiser vos ordres. Mine de rien, ça peut vous sauver une flotte !
Dernier rempart contre le Chaos
L’un des intérêts de Battlefleet Gothic Armada est sa campagne solo. Elle est semi-linéaire et c’est le sort du secteur Gothic qui s’y joue pour l’Imperium, la faction humano-fasciste de l’univers Warhammer 40000 (mais quand même « gentille »). Récemment promu Amiral, vous allez devoir y défendre la région contre des incursions de toutes sortes : Chaos, Orcs, Eldars et autres traîtres à l’Empire. À chaque tour, il vous faut choisir deux engagements, dont un pratiquement obligatoire car faisant avancer l’histoire. Ce qui intéressant, c’est qu’il est tout à fait possible de perdre une mission et de continuer, même si c’est souvent lourd de conséquences. Ne vous étonnez pas de prendre quelques sévères déculottées de temps à autre, le jeu n’est pas vraiment facile et c’est ce qui fait une grande partie de son intérêt. De toute façon, les victoires ne sont pas forcément réjouissantes, car votre flotte peut être décimée ou très endommagée, vous obligeant à prendre des vaisseaux moins performants pour la mission suivante.
En effet, votre « flotte » s’améliore et s’étoffe au fur et à mesure de la campagne. Vous gagnez de nouveaux vaisseaux, mettez à jour les anciens avec de meilleures armes, engagez un équipage un peu moins incompétent, etc. Toutefois, si vous perdez trop de terrain dans la défense du secteur Gothic, vous perdez certains bonus et gagnez même des pénalités pour les futurs engagements.
N’oublions pas qu’à l’origine Battelfleet Gothic était un jeu de plateau. Ainsi, le multijoueur occupe une place importante dans le jeu. Il est possible d’affronter d’autres joueurs en choisissant parmi les quatre factions (Imperium, Eldar, Orks, Chaos) et en construisant sa flotte à partir d’un nombre de points fixés pour la rencontre. La découverte des flottes adverses est bien sûr le grand moment de chaque partie et oblige vraiment à s’adapter à la composition ennemie.
Du peint et des jeux !
Coté réalisation, Battlefleet Gothic Armada est à la fois sobre, enfin aussi sobre qu’on puisse l’être dans un univers où circulent des vaisseaux-Cathédrales et des stikers tête de mort ad-nauseam, et efficace. La modélisation, basée sur les figurines et les design de Games Workshop sont bien sûr impeccables, les animations correctes mais surtout, le jeu évite d’en faire trop en multipliant les explosions et effets spéciaux. Ce qui est perdu en spectacle est gagné en lisibilité, et c’est tant mieux car il y a quand même beaucoup d’informations et de paramètres à prendre en compte pendant les parties. C’est donc une bénédiction que l’interface ou l’écran ne soient pas surchargée.
Reste qu’il manque peut-être quelques conseils, ou en tout cas des informations un peu plus claires pour les débutants, malgré un tutoriel bien fait.
La narration aurait mérité d’être un peu plus sobre et explicative également. Beaucoup d’informations propres à l’univers de Warhammer 40K sont données en pâture au joueur sans plus de contexte. Les amateurs de W40K apprécieront, mais il n’est pas sûr qu’un Technoprêtre qui clame ses répliques à un Inquisiteur comme dans une pièce de Shakespeare ne parle à tout le monde.
Tout ceci n’est bien sur que du pinaillage, car Battlefleet Gothic Armada est une indéniable réussite. Les combats sont vraiment palpitants, avec de la stratégie, des situations renouvelées et pas mal de richesse du fait des types de vaisseaux et factions disponibles. Que ce soit au niveau des batailles ou de la campagne, les choix sont multiples et souvent cruciaux. Chacun compte même s’il n’y a pas de meilleure façon de jouer à BGA. Et bien entendu, le respect de l’univers est quasiment total. Ne reste plus qu’à espérer que d’autres factions comme les Tyranides ou les Tau débarquent rapidement !
Conclusion du Rédacteur : Très bon (et vive l’Empereur) !
Voici une très bonne adaptation d’un jeu Warhammer 40K : riche, fidèle et bien réalisée, elle offre quelque chose d’un peu différent et original par rapport aux autres RTS. Battlefleet Gothic : Armada se contente de faire une chose, les combats spatiaux, mais le fait très bien sans se disperser ou se risquer à faire dans l’esbroufe. Reste peut-être un aspect un peu trop élitiste, ou hermétique qui risque de rebuter le grand public, ou ceux qui ne sont pas familier de cet univers. Rien de bien méchant en soit.
Éditeur : Focus Home Interactive – Développeur : Tindalos Interactive – Sortie : 21 Avril 2016 – Genre : RTS – Support : PC