Far Cry Primal – Aux confins de l’humanité
Ghost
Convaincant graphiquement
Grande sensation de liberté
Excellente durée de vie
Bonnes sensations
Incohérences qui affectent le réalisme
Un Far Cry qui a du mal à s'émanciper
Aspect "survie" pas assez poussé
La franchise Far Cry a parcouru un long voyage de 12 ans, des régions australes jusqu’au Népal. Partie des îles tropicales en Micronésie, elle a séjourné en Afrique, en Indonésie et a fini par atterrir dans les hauteurs de l’Himalaya. Là, elle se dit : « Que vais-je bien pouvoir faire désormais ? Il n’y a plus rien d’intéressant à exploiter dans ce monde… ». C’est alors qu’elle a l’idée saugrenue de remonter le temps, jusqu’aux prémices de la civilisation humaine. Après tout, pourquoi pas, elle peut faire tout ce que son imagination lui permet de concevoir. La question reste de savoir si cette expérience va réellement être enrichissante…
Ça va être tout noir !
Nous voilà en l’an 10 000 avant JC, à l’orée de la période néolithique. Au début, c’est tout noir, aucune cinématique n’apparaît. Il faut se contenter uniquement du son, ou presque. Sans vous dévoiler le moindre détail (qui entacherait la découverte), on se contentera de dire que cela fonctionne à merveille ! Le shaman de la tribu Wenja explique ensuite un semblant de trame scénaristique. En gros, vous pourriez bien incarner le futur leader d’un peuple en perdition, malmené par deux autres clans impitoyables, les Ulam et les Iliza. Les premiers représentent les hommes du nord aux tendances barbares et légèrement cannibales (les derniers survivants de l’Homme de Cro-Magnon en soit). Les seconds, au sud, ont les chevilles qui enflent et considèrent que tout autre humain leur est inférieur, notamment parce qu’ils manipulent le feu à la perfection.
Non, pas ce Takkar là…
Nous incarnons Takkar, un chasseur à la recherche de la région d’Oros avec son frère. Cette terre promise est convoitée par tous les Wenjas d’Europe centrale. Vu la pauvreté des paysages des premières minutes de jeu, on les comprend : pas l’once d’une plante verte à l’horizon, tout est sec et sans vie, à part le troupeau de mammouth non loin. Cette phase de tutoriel n’est pas bien passionnante, faute de cinématiques qui cassent le rythme régulièrement (vivement la liberté !). Après toute une série de péripéties qu’on se gardera bien de vous spoiler, la première vision de verdure est une victoire, aussi bien pour le joueur que pour le personnage lui-même. La direction artistique nous montre un aperçu de son potentiel. C’est splendide et ce n’est que le début !
La nuit tous les tigris sont gris
Même si, techniquement, la version Xbox One n’est pas sans défaut, l’esthétique du jeu a de quoi ravir les mirettes. Si l’on fait abstraction des textures parfois un peu sommaires et des quelques bugs de popping ici et là, il n’y a rien à redire graphiquement parlant. C’est tout simplement superbe, à commencer par les nuits bleutées ou les lueurs des feux orangés qui contrastent magnifiquement avec la rudesse des lieux. Il est très plaisant d’attendre un levé de soleil au sommet d’une montagne, surtout quand on sait qu’il n’y a pas à attendre bien longtemps. Les cycles jour/nuit s’écoulent comme des étoiles filantes. Il suffit de quinze minutes, tout au plus, avant de voir l’obscurité disparaître en un fragment de seconde. Du coup, il n’est jamais vraiment nécessaire de dormir, ce qui perturbe un peu le réalisme, mais s’il n’y avait que ça…
Mère nature ne reprend pas ses droits !
Il est bien dommage de ne pas avoir poussé l’aspect réaliste plus loin, c’est à notre sens le défaut majeur du titre d’Ubi Montréal. Trop d’éléments nous rattachent au jeu vidéo Far Cry tel qu’on le connaît, et il est difficile de s’immerger dans cet environnement atypique. Par exemple, pour collecter un minerai, notre héros se limite à le gratter avec ses mains. Pour apprivoiser une bête sauvage, il suffit de lui donner un appât à manger, une petite caresse et hop, il devient votre meilleur ami et ne pourra plus jamais mourir (tant que vous stockez les ressources adéquates pour le ranimer). Pour se soigner, un p’tit baume ou plat cuisiné et ça repart. Bien sûr, l’objectif est de pouvoir réaliser toutes ces tâches répétitives rapidement. Cependant, des animations plus réelles et un aspect du gameplay un peu plus orienté vers la survie n’aurait pas fait de mal. En l’état, vous n’avez plus rien à craindre de la nature dès que vous maîtrisez deux ou trois compétences adaptées.
J’ai vu une grosse bête…
On se sent dés lors le badass de la préhistoire, un sentiment de puissance bien connu chez nous autres gamers. Fini d’être apeuré par le moindre rugissement ou mouvement de buisson. Pire encore, accompagné d’une grosse bébête, ce sont carrément les prédateurs qui détalent en couinant. Cependant, il vous faudra d’abord passer par une courte phase où vous ferez pipi dans votre pagne en tombant nez à nez sur un tigre sabre ou un blaireau… N’imaginez pas que cet bestiole soit sans danger, il est redoutable et nous en avons même vu certains s’attaquer à de gros félins ! (sans survivre pour autant…). L’IA des animaux laisse en effet parfois à désirer : des troupeaux de cerfs accourent de temps à autre vers vous alors que la logique devrait les pousser à filer dans l’autre direction.
Naissance d’une civilisation
Malgré tous ces petits défauts, l’ambiance et l’atmosphère fonctionnent à merveille et le contenu du jeu n’est pas en reste. Pour progresser, il vous faudra sauver des wenjas spéciaux aux aptitudes affûtées et leur construire une hutte afin d’accéder à leur savoir. C’est en effet la clé du succès, apprendre et se perfectionner, tout au développant un bien joli village pour toutes les âmes que vous sauverez sur votre chemin. L’exploration est truffée d’événements aléatoires et de missions annexes, permettant par la même occasion d’amasser de nombreuses ressources afin d’améliorer votre équipement. Pour sécuriser vos terres et votre peuple, il faudra au préalable anéantir des avants-postes ennemis (classique mais toujours plaisant). Il y a tellement de choses à faire et de liberté qu’on en arrive parfois à ne plus savoir par quel bout commencer.
Il ne réinvente pas la roue, mais vu qu’elle n’existe pas encore…
Comme toujours dans l’histoire de l’humanité, la dispute des territoires a souvent été la plus grande source de conflit. C’est bien évidemment le cœur du gameplay de Far Cry Primal. Vous êtes libres de faire ce que bon vous semble, mais asseoir la suprématie de la tribu Wenja est votre but principal. Le système de combat n’a rien de nouveau, mais fonctionne parfaitement bien. On jongle facilement d’une arme à l’autre à l’aide d’un menu circulaire et on s’adapte en fonction de l’adversaire. Gourdin, sagaie, arc et grenade artisanales sont au programme. La furtivité est un pur plaisir, que ce soit pour la chasse ou la tuerie. Faufilez-vous dans les herbes hautes afin d’éliminer une à une les menaces et engrangez des points d’expériences bonus à chaque suppression non détectée. Voir avant d’être vu peut aussi vous donner l’occasion d’observer des scènes incongrues, comme l’intimité de certains couples… Cependant, l’attaque sournoise se déclenche avec le bouton du stick droit, ce qui n’est pas des plus pratiques dans certaines circonstances, cette action pouvant également déclencher la vision de chasseur en cas d’appui long.
Vu du ciel, c’est bien plus chouette
À l’arrivé, il y a tant à dire sur l’expérience procurée par ce jeu que cette critique pourrait ne jamais finir (tout comme la durée de vie du titre). Il faut compter facilement 20h de jeu en se concentrant uniquement sur la campagne principale, bien que vous risquiez d’avoir de grandes difficultés pour atteindre la fin sans l’équipement adéquat. Plus de 50h seront nécessaires si vous souhaitez explorer le moindre recoin de la map et tout débloquer. De nombreuses aptitudes sont débloquées au fil de la progression, dont la vision de chouette, le grappin et la résistance au froid. Contrôler le rapace est très utile et diablement amusant. En l’améliorant, vous pourrez tuer une cible instantanément ou larguer des bombes faites maison. Le grappin procure de superbes sensations d’escalade, grâce à des mouvements d’inerties d’un réalisme époustouflant. Enfin, les terres du nord permettent d’ajouter le côté survie qui manque au titre. Si vous ne confectionnez pas de vêtements suffisamment chaud, vous devez vous réchauffer par intervalles de 4 ou 10 minutes (selon le niveau d’amélioration) auprès d’un feu de camp. Sans quoi vous finirez congelé au beau milieu des montagnes. La pression monte quand la mort approche, c’est grisant et bien dommage de ne pas retrouver d’autres aspects similaire de la survie préhistorique.
Conclusion du rédacteur : BON
Il ne lui manquait pas grand chose pour appliquer une mention « Très bon ». Cependant, le manque de réalisme et les nombreuses incohérences me paraissent trop pénalisantes. C’est vraiment dommage de se soigner si facilement ou de débusquer tout ce que l’on souhaite, sans avoir besoin de chercher (le titre a été parcouru en mode Difficile). Apprivoiser un animal sauvage est génial, mais cette faculté est beaucoup trop simpliste à gérer. Ce qui est regrettable, c’est que tous ces défauts entachent la direction artistique remarquable du jeu (la langue parlée et l’écriture des personnages frôlent la perfection). On est donc plongés dans un univers impressionnant et immersif, avant de se faire éjecter brutalement à cause d’imperfections qui cassent tout. Néanmoins, on parvient à apprécier l’aventure grâce à son originalité (historique), son contenu et son système de combat. L’exploration et la variété des objectifs en font un jeu très agréable, mais il manque un aspect survie, comme celle de la gestion du froid lorsqu’on se trouve dans les terres du Nord.
Éditeur : Ubisoft – Développeur : Ubisoft Montréal – Genre : FPS / monde ouvert – Sortie : 23 février 2016 – Supports : PC / PS4 / Xbox One